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Le deuil
Message du P. Germán
Le deuil
Une des périodes les plus difficiles dans notre vie est celle du deuil.
Parfois nous avons le temps de « nous préparer » et il y a des situations dans lesquelles nous prions pour que la personne malade ou âgée parte le plus tôt possible pour qu’elle ne souffre plus.
Dans toutes les situations, le deuil, la séparation, la mort reste un moment difficile à vivre et souvent nous sommes déstabilisés par le changement radical que nous devons assumer par la disparition d’un être proche.
Le temps, l’amitié et l’amour sont indispensables pour que le deuil soit bien vécu.
Il n’y a pas de règles ni de conseils à donner. Chaque personne réagit différemment devant la mort d’un être cher. Voilà pourquoi le plus important pour accompagner quelqu’un dans son deuil est le silence. Il vaut mieux ne rien dire que dire des paroles vides de sens qui risquent de blesser quelqu’un qui est déjà en souffrance.
Pour avoir vécu plusieurs deuils dans ma famille et avoir accompagné souvent des personnes et des familles en deuil, je crois que je peux partager avec vous quelques réflexions sur le deuil qui me semblent importantes.
Au moment de perdre quelqu’un de proche et dans les jours qui suivent, il ne faut pas prendre de décisions importantes. Il vaut mieux continuer à vivre dans le rythme d’avant pour s’adapter peu à peu au nouveau rythme que la vie nous impose par le départ d’un être aimé. Au début du deuil, on n’est pas en condition pour prendre des décisions qui vont changer notre vie. Ce n’est pas le moment. Il peut y avoir des personnes qui abusent de notre faiblesse pour nous prodiguer de mauvais conseils. Vendre sa maison, changer de voiture, partir à l’autre bout du monde, changer de partenaire, … Rien ne fera disparaître notre deuil et on risque d’ajouter une nouvelle situation à gérer alors qu’on a besoin d’énergie pour affronter la situation que nous impose le deuil.
Le deuil doit commencer par affronter et accepter, peu à peu, la réalité et toute la réalité. Sans la nier, ni la cacher ou l’ignorer.
La séparation physique est importante dans le processus de deuil. Je dirais qu’on commence son deuil à partir du moment où on redonne le corps du défunt à la terre. Entre le moment de la mort et l’enterrement nous sommes comme dans un nuage. La personne est partie mais son corps est toujours là. On a du mal à accepter la réalité qui s’impose jusqu’au moment où on se sépare définitivement du corps de la personne aimée. Ce temps ne doit pas être trop long car il est très lourd pour la famille et pour les amis. Je ne conseille pas de garder les cendres à la maison parce que cela n’aide pas à vivre une vraie séparation. Vous pouvez lire ce que j’ai écrit le 18 décembre 2016 sur la crémation et l’importance de déposer les cendres dans un cimetière ou dans un lieu prévu pour cela.
Tout de suite après la mort d’une personne, les plus proches doivent affronter les démarches administratives. Trouver des pompes funèbres, un cimetière, un cercueil, un prêtre, une église, une salle pour recevoir la famille et les amis qui vont se déplacer pour les funérailles. De plus, il faut s’occuper des comptes bancaires et s’assurer de pouvoir continuer à vivre financièrement. Tout cela est très pénible parce que la plupart des gens ne parlent pas de cela et n’ont rien prévu quand cela arrive. Pour faciliter les choses pour notre famille, chaque adulte devrait prévoir ses funérailles. Quand tout est réglé en avance, non seulement c’est moins cher mais en plus on enlève un poids de plus à la famille qui est déjà dans la souffrance et qui n’a ni l’expérience, ni la force de s’occuper de toutes ces démarches. Il ne faut pas attendre d’avoir 90 ans pour s’occuper de cela. Le faire le plus tôt possible nous permet de mieux le prévoir et de prendre le temps pour comparer des prix et des propositions différentes. Même si on n’aime pas en parler, il faut le faire parce que nous allons tous mourir, nous ne connaissons pas la date, ni les conditions et nous devons penser surtout aux personnes qui restent et qui vont être obligés de s’en occuper.
Un autre moment difficile mais important dans le processus du deuil est le rangement de la chambre, de la maison, du bureau et des affaires du défunt.
Il faut prendre son temps pour le faire, il faut le faire et il ne faut pas attendre des mois avant de le faire.
Garder toutes les affaires du mort telles qu’elles étaient au moment du départ ne nous aide pas à vivre le deuil et à affronter la réalité de la séparation.
Il y a un très beau texte écrit par Charles Péguy qui dit : « Parlez de moi comme vous l’avez toujours fait… Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble. »
Parler du défunt, « s’autoriser » à rire malgré la souffrance, avoir des moments de détente et pourquoi pas de joie, aide beaucoup à vivre un deuil sain.
Les mères ou les pères de famille disent que le deuil n’est jamais fini, après la disparition d’un enfant. Ma mère, qui a perdu 4 de ses 5 enfants disait que la mort d’un enfant est comme si on t’enlevait un membre de ton corps. Comme une amputation. Le corps apprend à vivre sans le membre amputé mais rien ne sera plus comme avant.
Le deuil est comme une blessure physique profonde qui a besoin de soins et du temps pour guérir. La blessure cicatrise mais elle laisse une marque visible sur notre corps. La douleur se transforme avec le temps et parfois elle peut se ressentir avec plus d’intensité des années après ; quand il fait froid, quand on la touche trop fort, … La douleur du deuil peut aussi s’intensifier lors d’un anniversaire ou dans certaines circonstances de la vie.
Il est toujours important, pendant le deuil, de parler du défunt. Il est bon, pour vivre en paix le reste de la vie, de demander pardon et de pardonner au défunt pour les erreurs du passé. Aller se recueillir devant la tombe de la personne aimée peut aider pour dire ce qu’on n’a pas pu dire avant la mort. Mais, nous ne devons pas passer la plupart de notre vie dans le cimetière. Il faut se séparer et construire une nouvelle relation qui nous permet de garder dans notre cœur et dans notre prière le défunt.
Pour les croyants, il est important de se rappeler que la mort est la porte qui nous permet de passer de ce monde pour aller habiter la maison de Dieu.
Nos morts sont entre les mains de Dieu. La meilleure façon de les aider à se reposer dans la paix de Dieu est de vivre un deuil « normal ».
Bonne semaine.
P. Germán le 23 juillet 2023